02 et 03 Novembre 1991

Tautavel et les Aspres :

En 3 heures d'horloge, l'autoroute, véritable machine à remonter le temps nous propulse de l'an 2000 en l'an moins 450.000.
Partis pour une randonnée médiévale nous voici à Tautavel sur la place du village dans la position de l'Homo Erectus à la recherche de sa nourriture. Ce besoin ayant été résolu rudimentairement notre groupe s'éloigne pour un temps de la ptéhistoire et se dirige résolument des siècles en avant vers les sites Cathares.

A mi-chemin une halte s'impose pour remplir nos estomacs et si le temps brumeux nous cache la vue des montagnes et de la mer, le climat miraculeux des Pyrénées Orientales laisse darder d'abondants rayons de soleil qui jouent avec les verts, jaunes et rouges de la végétation automnale, constituée en ces lieux essentiellement par des vignes. Poursuivant notre progression automobile, après être passés à l'ombre de Quéribus, nous côtoyons le village de Cucugnan et nous lançons à l'assaut de la forteresse de Peyrepertuse. Celle-ci est juchée au sommet de falaises impressionnantes et se confond pratiquement avec le paysage.


Chateau de Queribus




Chateau de Peyrepertuste

Il est vrai que la file de châteaux qui la composent a été construite avec les pierres du site et que ce n'est qu'une gigantesque ruine de 300 m. de long. Notre équipe y passe cependant près de 2 heures à en arpenter les escarpements en rêvant au temps jadis.


L'heure de la retraite sonnant nous nous dirigeons vers Quéribus, mais l'heure tardive et l'obole obligatoire nous font remettre à plus tard cette visite.

Quand nous débarquons à notre gîte de Tautavel bien que le crépuscule soit déjà bien avancé, nous nous rendons compte qu'il n'a rien de médiéval ni même de préhistorique.
Une charmante directrice nous accueille et nous designe nos confortables quartiers et peu après une ravissante Catalo-Andalouse nous sert un délicieux repas où la truite aux amandes s'est réservé la place d'honneur
Mais le clou de la soirée sera la visite de Tautavel By-Night.
Grâce aux indications de notre hôtesse nous avons tôt fait de cerner Albert, le conteur qui va enchanter notre soirée.

Celui-ci détonne de ceux de la télévision , qui sont archaïques, qui fument, mâchent des chataignes et boivent sec, Albert, lui, a un abord avenant et un langage clair et précis.


Gorges de Tautavel

En qualité d'ancien maire de Tautavel, comment ne peut-il se passionner pour son village où en 1971 a été découvert un homme datant de moins 450.000 ans.
Donc durant 3 heures nous serons encorcelés par ses récits surtout tournés vers l'avenir du village.

C'est ainsi que nous apprenons que l'été prochain le modeste musée de la préhistoire deviendra un véritable laboratoire d'études et un grand centre de :
vulgarisation préhistorique.
S'il est des conteurs du coin du feu, il en est des itinérants et c'est en parcourant les rues du village que nous serons instruits.
Parfois une halte devant une maison construite avec les pierres du château dont les ruines illuminées nous surplombent. Puis des haltes sur telle ou telle place restaurée ou devant des fontaines typiques, voire même la maison de la famille Arago.
Et qu'il est surprenant de parcourir dans le vieux village une voie large de 6 mètres pour ceux qui ne savent pas qu'il s'agissait de la voie de la tranhumance c'est à dire une "carérade".
Pour nous le charme de Tautavel By-Night ne sera pas rompu puisqu'à minuit nous étions de retour à notre gîte.
Après le someil réparateur, c'est lestés d'un copieux petit déjeuner que notre groupe embarque en direction des Aspres objet de notre sortie officielle.


C'est au village de Castelnou que nous rejoignons nos amis venus seulement pour la journée.
C'est sous d'heureux auspices que celle-ci commence puisqu'encore une fois le soleil est au rendez-vous.
Le chemin qui doit nous conduire au village médiéval de Camélas est fort bien tracé et à part un raidillon, n'offre aucune difficulté.
A l'entée de Camélas nous faisons halte devant une fontaine et attendons notre tour pour en puiser l'eau particulièrement pure.
Puis nous pénétrons dans le village et en admirons les vieilles maisons aux fenêtres fleuries.

Ce sera par une route de terre tracée dans la garrigue que nous atteindrons l'ermitage St.Martin situé à 522 m. d'altitude.
De ce piton nous avons vue sur la Canigou déjà enneigé et la plaine du Roussillon dont les brumes nous cachent la mer.


Ermitage Saint-Martin

Cet ermitage du 11° siécle est désert mais partiellement restauré.
Certes les voûtes n'ont pas été reconstituées, mais le clos et le couvert sont assurés pour que le culte y soit célébré.
Notre halte repas aura lieu au pied des murailles et grâce aux pluies récentes nous pouvons allumer en toute quiétude le feu de camp uù nous grillons saucisses et châtaignes.
Enfin ce sera dans la plus pure tradition hospitalière que nous convierons 2 pèlerins à partager notre café.
Puis c'est la descente à travers la garrigue à la recherche d'une vieille mine de cuivre. Celle-ci nous est bien indiquée par l'habitante d'un hameau voisin, mais faute d'engins de débroussaillage il nous faudra renoncer à l'atteindre.
Certes les broussailles sont des obstacles, mais elles abritent des champignons que certains de nos compagnons arrivent à débusquer.
Enfin voici la descente brève, brusque et rapide sur notre point de départ, c'est à dire Castelnou.
Rapidement nous en parcourons les 2 rues étroites avant de resceller notre amitié autour de rafraîchissements et retourner tranquillement en 3 heures en l'an 2000

Pierre CHARDON